vendredi 10 mars 2023

Retrouver l'enfant chez le bourreau.

 

Ton corps est doux même si tu m’as fait mal,

Ta peau est belle même si je ne l’ai pas vue, aveuglée que j’étais par la peur quand osé,

tu as osé me toucher

Alors que je te disais non.

Je ne te connais pas,

Tu n’as pas de visage

Pas d’odeur pour moi

Tout ce que je sais c’est mon corps qui le porte

L’a enfoui si profondément avant que cela ne sorte

Implacable, inébranlable, frappant à la porte de mon âme jusqu’à ce que j’écoute enfin.

Que j’entende, que je comprenne

Et que je l’incorpore.

Je ne te connais pas mais je veux te dire que ce que tu as fait est mal

Ne pas entendre le désir de quelqu’un, ne pas le respecter

Est une infraction, une offense, un viol.

Je ne me suis pas sentie écoutée,

Et puis ça a été le tsunami

Le difficilement nommable.

Tellement l’offense est grande.

Je ne te connais pas

Mais je pense à toi qui devais avoir tes raisons d’agir comme ça.

J’espère que plus tard dans ta vie, après moi, tu auras rencontré des personnes, plus grandes que moi, qui t’ont mises face à ta violence et ton manque de respect.

Moi aujourd’hui je sais, enfin.

Ce qui m’a fait vomir après avoir visionné un film évoquant le viol dans l'inceste,

Ce qui m’a fait rejeté violemment des partenaires de jeu au théâtre lors de l'interprétation d'une scène de viol dans une pièce de théâtre.

J’ai compris pourquoi j’étais si sensible (le mot est faible!! épidermique serait plus juste!!) à toutes ces infractions, ces atteintes à l’être d’un individu.

Je ne veux pas de pitié, pas de « t’as pas eu de chance » car je crois que chaque vie est unique et que chacun vit ce qu’il a à vivre, ce sont ses épreuves.

Celle-ci m’ouvre à une force paisible que je ne me serais jamais imaginée posséder un jour

Le fait de savoir et d’accepter mon histoire m’apaise.

Tout mon être se remplit de compassion envers celles et ceux qui commettent ces actes,

Pour qui j’éprouve de la peine

Car ils doivent être bien malheureux, bien déconnectés de l’amour pour agir ainsi,

Et finalement sont plus à plaindre que moi.

Mais pour que cela ne se reproduise pas, pour que cela cesse,

Il faut parler à ces gens-là, il faut les écouter et voir leurs motivations.

Certains sont peut-être des sadiques purs, certains semblent peut-être dénués de toute empathie...

Mais au fond, à la base, il y a eu en eux un enfant, et un enfant n’est jamais mauvais.

Un enfant peut vivre des expériences qui le traumatisent, peut être conditionné par la violence.

Et c’est pourtant à cet enfant là qu’il faut s’adresser, sans jugement, avec amour, avec espoir, avec foi, avec tendresse, pour accueillir son histoire et que des chaines et des chaines de maltraitance soient rompues.

Par l’amour.

dimanche 5 mars 2023

Pour vivre paisiblement.

 

Les gens font parfois des choses méchantes, des choses blessantes, des choses heurtantes, des choses pétrifiantes, des choses agressantes. Il ne faut pas leur en vouloir. Soit ils sont guidés par leurs faiblesses, leurs blessures non pansées soit, et cela va parfois de pair, par un désir de domination, de pouvoir, de revanche. Ces gens sont malheureux, ils sont tristes. Souvent ils n’ont pas réussi à verser les larmes de leur douleur, ce qui aurait pu les sauver. Ils sont comme prisonniers de leur histoire, alors ils vivent sous le joug de leur blessure. Ils sont esclaves d’eux même. Devons nous en avoir peur, les craindre, nous faire tout petit pour ne pas risquer de faire éclater leur colère ? non. Nous devons les regarder droit dans les yeux, et leur donner à voir leur peine immense, nous devons les mettre face à leur enfermement. Et cela avec fermeté et compassion. Car ces gens souffrent. Quoi qu’ils en disent. Pour les délivrer il faut aussi les aimer. Et leur pardonner. Ainsi que les inciter à se pardonner et à…changer. Faire la paix avec leur histoire.