Ton corps est doux même si tu m’as fait mal,
Ta peau est belle même si je ne l’ai pas vue, aveuglée que j’étais
par la peur quand osé,
tu as osé me toucher
Alors que je te disais non.
Je ne te connais pas,
Tu n’as pas de visage
Pas d’odeur pour moi
Tout ce que je sais c’est mon corps qui le porte
L’a enfoui si profondément avant que cela ne sorte
Implacable, inébranlable, frappant à la porte de mon âme jusqu’à
ce que j’écoute enfin.
Que j’entende, que je comprenne
Et que je l’incorpore.
Je ne te connais pas mais je veux te dire que ce que tu as
fait est mal
Ne pas entendre le désir de quelqu’un, ne pas le respecter
Est une infraction, une offense, un viol.
Je ne me suis pas sentie écoutée,
Et puis ça a été le tsunami
Le difficilement nommable.
Tellement l’offense est grande.
Je ne te connais pas
Mais je pense à toi qui devais avoir tes raisons d’agir
comme ça.
J’espère que plus tard dans ta vie, après moi, tu auras
rencontré des personnes, plus grandes que moi, qui t’ont mises face à ta violence
et ton manque de respect.
Moi aujourd’hui je sais, enfin.
Ce qui m’a fait vomir après avoir visionné un film évoquant le viol dans l'inceste,
Ce qui m’a fait rejeté violemment des partenaires de jeu au
théâtre lors de l'interprétation d'une scène de viol dans une pièce de théâtre.
J’ai compris pourquoi j’étais si sensible (le mot est faible!! épidermique serait plus juste!!) à toutes ces infractions,
ces atteintes à l’être d’un individu.
Je ne veux pas de pitié, pas de « t’as pas eu de chance »
car je crois que chaque vie est unique et que chacun vit ce qu’il a à vivre, ce
sont ses épreuves.
Celle-ci m’ouvre à une force paisible que je ne me serais
jamais imaginée posséder un jour
Le fait de savoir et d’accepter mon histoire m’apaise.
Tout mon être se remplit de compassion envers celles et ceux
qui commettent ces actes,
Pour qui j’éprouve de la peine
Car ils doivent être bien malheureux, bien déconnectés de l’amour
pour agir ainsi,
Et finalement sont plus à plaindre que moi.
Mais pour que cela ne se reproduise pas, pour que cela cesse,
Il faut parler à ces gens-là, il faut les écouter et voir
leurs motivations.
Certains sont peut-être des sadiques purs, certains semblent
peut-être dénués de toute empathie...
Mais au fond, à la base, il y a eu en eux un enfant, et un enfant
n’est jamais mauvais.
Un enfant peut vivre des expériences qui le traumatisent,
peut être conditionné par la violence.
Et c’est pourtant à cet enfant là qu’il faut s’adresser,
sans jugement, avec amour, avec espoir, avec foi, avec tendresse, pour accueillir
son histoire et que des chaines et des chaines de maltraitance soient rompues.
Par l’amour.